Message du Conseil des Églises du Moyen-Orient (CEMO) en ce temps de Carême et de Pandémie

Avec la bénédiction du conseil de ses Présidents, le Conseil des Églises du Moyen-Orient (CEMO) adresse aux Églises membres et aux hommes de bonne volonté, en ce temps de carême et de la pandémie Corona qui menace le monde, le message suivant :

Le carême est un appel à la retraite, la prière, la pénitence et la conversion que l’Église introduit par une demande de pardon adressée à Dieu et aux frères et sœurs, en guise de préparation au passage (pâque) des ténèbres à la lumière et de la mort à la résurrection. Les Pères de l’Église ont souvent comparé ce passage à la traversée du désert effectuée par le Peuple de Dieu en chemin vers la terre promise, lieu privilégié de l’alliance et de la nouvelle vie. Lors de cette traversée, le peuple fait face aux difficultés de la vie, aux obstacles qui surgissent et aux tentations. Mais dans le même temps, il reçoit l’alliance, les commandements et le salut de Dieu. Dans la traversée du désert, Dieu révèle à son peuple la splendeur de sa Face éblouissante, sa gloire, sa miséricorde et son amour. Pendant les quarante jours du carême, les fidèles expérimentent le passage de « l’homme ancien » à la liberté des enfants de Dieu acquise par la résurrection du Christ d’entre les morts. A travers le jeûne, la prière et la miséricorde, ils reconnaissent leur faiblesse humaine et leur péché, et se convertissent à Dieu. Leur est accordée alors la grâce de contempler la splendeur divine apparaît sur le visage de Jésus, le Fils suspendu sur la croix par amour pour les hommes ses frères, un amour jusqu’au bout. Ils redécouvrent aussi le sens de la fraternité. Le carême est ainsi animé par ce désir profond d’atteindre la lumière de la résurrection et d’expérimenter la nouveauté de la vie éternelle que les fidèles reçoivent en abondance de l’Esprit Saint.

Il est évident, chers frères et sœurs, que la traversée du désert temporel et spirituel pendant ce carême s’avère particulièrement difficile et dur cette année à cause des guerres, de l’émigration, du déplacement, des catastrophes et des épidémies. N’oublions pas que nous vivons aussi un moment d’aliénation spirituelle et de négligence des valeurs humaines. Mais en tout cela, nous n’avons pas peur et nous ne cédons pas au désarroi car ‘Dieu est avec nous’, comme nous chantons dans le psaume. Nous ne sommes pas déçus, car nous cherchons sans cesse la face resplendissante du Seigneur, nous entreprenons d’aimer le frère et nous œuvrons pour la sainteté de la création. La responsabilité devant Dieu, le Créateur, nous incite à redécouvrir le sens de la solidarité fraternelle entre les hommes, de l’entraide et de la protection de la nature et réveille en nous ce désir de rétablir l’équilibre écologique de la planète en redressant les politiques et les mécanismes qui ont conduit récemment à l’aliénation de la création. Notre carême et notre jeûne n’ont donc de sens que si nous renonçons à nos egos, nous imitons le Christ qui s’est abaissé en « obéissant au Père jusqu’à la mort sur une croix » (Philippiens 2, 7-8) pour lutter avec un cœur pur contre les difficultés, les souffrances et les épidémies et pour nous consacrer à la charité humaine avec générosité et esprit d’abnégation.

Le confinement imposé par l’épidémie nous enferme dans le désert de la peur d’une éventuelle contamination et de la mort. Toutefois, l’appel de Dieu nous invite à avoir « les yeux fixés sur Jésus qui est à l’origine et au terme de la foi » (Hébreux 12, 2), car il chemine avec nous et nous guide en ces temps difficiles. Dans son amour, nous puisons force et courage pour transformer le désert de notre carême et de notre confinement, d’abord en moment de conversion, de réconciliation, de soutien mutuel, de solidarité, d’entraide et de secours des plus démunis, des malades et des réfugiés à travers l’expérience profonde de notre fraternité humaine enracinée dans l’amour de Dieu pour les hommes, et enfin, en moment de ressourcement intérieur qui nous reconduit au vrai sens de notre existence, des valeurs spirituelles et humaines.

Au nom des Églises membres représentées par le conseil des Présidents, le conseil des Églises du Moyen-Orient affirme mettre tous les moyens dont il dispose au service de la société et promet de redoubler ses efforts pour accomplir sa mission spirituelle et humaine en ces circonstances pénibles. Le CEMO appelle à la prière, dans un seul esprit et dans une communion fraternelle, ce dimanche 22 mars 2020, pour les personnes contaminées par le virus et leurs familles, pour les équipes médicales et sanitaires qui risquent leur vie pour accompagner et soigner les personnes malades, ainsi que pour tous les responsables de la santé publique afin que le Seigneur les guide et leur inspire les démarches susceptibles de contenir l’épidémie et de pourvoir aux conséquences sociales, économiques et écologiques.

Dimanche prochain, nos esprits et nos cœurs, unis dans la diversité de nos communautés, élèveront une prière ardente d’intercession pour le monde qu’ils confient à Dieu, « Père de toute miséricorde et de toute consolation » (2 Corinthiens 1, 3). Ils remettent entre ses mains toute l’humanité et la création dans l’espoir de voir rétablis, entre les hommes et au sein de nos sociétés, une solidarité vivante, un esprit d’unité chrétienne et humaine animée par l’amour divin. Que Dieu nous octroie l’esprit de responsabilité, de fidélité et de courage envers les frères et sœurs ainsi qu’envers la création afin que rayonne dans le monde la Lumière du Christ ressuscité, vainqueur du mal et de la mort.

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